A la fin du règne du roi Soleil, la période de la Régence cristallise à Versailles des querelles passionnées et virulentes entre partisans du style français et défenseurs de la musique italienne. L'atmosphère change à la cour ; Monsieur, frère du roi, attire au Palais Royal de nombreux musiciens - dont beaucoup d’italiens qui se placent sous la protection de ce grand amateur d’art, compositeur et peintre. Un vent de liberté souffle à Paris, loin de du puritanisme instauré à la cour par madame de Maintenon. Royer, Leclair ou Barrière innovent, inventent, révolutionnent même l’écriture instrumentale, influencés par les nouveautés techniques et esthétiques venues d’Italie.
Deux familles d’instruments rivalisent alors. La viole, instrument aristocratique par excellence, sent venir la fin de son règne tandis que le violon fait irruption à Versailles, lui dont la pratique populaire se cantonnait jusqu’alors à l’accompagnement des scènes de la vie quotidienne. En 1740, Hubert Leblanc publie un pamphlet haut en couleurs personnalisant la viole de gambe et le clavecin et leurs grands rivaux, le violon et le violoncelle : Traité pour la défense de la viole de gambe contre les entreprises du violon et les prétentions du violoncelle. Leblanc met en scène et en mots cette joute théâtrale qui éclate à la cour et révèle avec beaucoup de saveur et de truculence les provocations et la révolution en marche à la fin du règne de Louis XIV. Dans une atmosphère d’innovation et d’ébullition, les mots et les sons fusent.
Cette Battle à Versailles sera mise en mots par un narrateur/arbitre à l’écoute du public, et s'inscrira dans le langage des corps grâce aux 4 musiciens de Pulcinella, une circassienne et un danseur qui maîtrise aussi bien la belle danse du Grand Siècle que la danse contemporaine. Pour la création, les 6 artistes rivaliseront de virtuosité et de grâce en un match haut en couleurs, dans une forme ouverte de représentation interactive impliquant la participation du public.